Agrivoltaïsme : peut-on cultiver du maïs ou du tournesol sous des panneaux solaires ?
- Agrivoltaïsme Sud-Ouest

- 21 juil.
- 3 min de lecture
Le changement climatique transforme en profondeur les pratiques agricoles. Dans le Sud-Ouest de la France, les cultures de maïs et de tournesol, emblématiques du territoire, font face à des défis inédits : sécheresses prolongées, coups de chaleur, stress hydrique, épuisement des sols. Dans ce contexte, l'agrivoltaïsme – l'association entre production agricole et énergie solaire – offre une perspective novatrice : et si les panneaux photovoltaïques pouvaient devenir des alliés des grandes cultures ? Loin d'être incompatibles, maïs et tournesol peuvent, sous certaines conditions, prospérer sous une infrastructure agrivoltaïque bien pensée. Cet article vous explique comment.

Maïs et tournesol : des cultures exigeantes, mais pas incompatibles avec l'agrivoltaïsme
Le maïs et le tournesol sont des cultures dites "héliophiles" : elles apprécient une forte exposition au soleil. Mais cela ne signifie pas qu'elles ne tolèrent aucune ombre. En réalité, leur performance dépend d’un équilibre subtil entre rayonnement lumineux, humidité du sol, et température ambiante.
Dans des contextes de canicules à répétition, l’ensoleillement excessif peut être contre-productif : il augmente l’évapotranspiration, dessèche les sols, et freine le développement des cultures. Dans ce cadre, une légère modulation de la lumière – grâce à des structures solaires adaptées – peut s’avérer bénéfique.
Comment les panneaux solaires peuvent-ils améliorer le microclimat agricole ?
Les structures agrivoltaïques conçues pour les grandes cultures reposent sur des principes simples mais efficaces :
Surélévation des panneaux (généralement à plus de 4 mètres)
Espacement modulé pour laisser circuler la lumière entre les rangs
Orientation dynamique grâce à des trackers solaires qui suivent la course du soleil
Résultat :
une réduction de l’évaporation de l’eau
une température du sol plus stable
une meilleure rétention de l’humidité
une protection contre les événements climatiques extrêmes (grêle, sécheresse brutale)
Plusieurs essais réalisés en France et en Europe montrent que ces effets contribuent à une meilleure résilience des cultures, notamment en période de stress hydrique.

Le cas du maïs : des résultats prometteurs
Dans le cadre d’un essai conduit en Occitanie entre 2022 et 2024, du maïs fourrager a été cultivé sous des panneaux solaires orientables. Résultats :
Les agriculteurs participants ont surtout noté une réduction du stress hydrique pendant la phase de floraison, cruciale pour la formation des grains. En d’autres termes, l’agrivoltaïsme agit comme un bouclier climatique tout en maintenant une production économiquement viable.
Et le tournesol ? Une culture sensible, mais adaptable
Le tournesol est, de prime abord, plus délicat à associer à une couverture partielle. Sa croissance verticale et sa sensibilité à la lumière directe imposent une adaptation rigoureuse du dispositif. Toutefois, les essais menés sur des structures à couverture modérée (inférieure à 35 %) montrent que :
le stress thermique est mieux contrôlé
les fleurs sont moins affectées par les coups de chaleur
la teneur en huile reste stable voire améliorée
Dans des zones soumises à de fortes restrictions d’irrigation, le gain hydrique compense largement la légère baisse de rendement en graines. Et pour certains agriculteurs, la sécurité de production devient un avantage décisif.
Un levier de diversification et de revenu complémentaire
Au-delà des aspects agronomiques, l’agrivoltaïsme permet de diversifier les revenus agricoles :
Redevances foncières versées par les opérateurs solaires
Autoconsommation énergétique possible pour les exploitations
Valorisation de l’image environnementale auprès des filières et des consommateurs
Un projet bien structuré peut donc conjuguer : maintien des productions, adaptation climatique, et sécurisation économique.
Conditions de réussite : co-conception, accompagnement, réglementation
Pour réussir un projet agrivoltaïque sur grandes cultures, trois conditions sont essentielles :
Une co-conception entre agriculteur et développeur, pour que l’infrastructure serve avant tout le projet agricole
Un accompagnement technique (choix des cultures, rotation, pilotage de l’irrigation, adaptation du matériel)
Une conformité stricte à la réglementation (notamment la loi APER de mars 2023 et ses décrets de 2024 sur l’agrivoltaïsme)
Les chambres d’agriculture, les coopératives et certains développeurs engagés offrent aujourd’hui un appui structuré pour accompagner ces transitions.
Cultiver du maïs ou du tournesol sous panneaux solaires, ce n’est pas un mythe. C’est une réalité technique qui s’expérimente, s’adapte, et qui peut porter ses fruits dans un contexte agricole de plus en plus incertain. En conciliant performance agronomique, résilience climatique et production d’énergie renouvelable, l’agrivoltaïsme offre une voie concrète vers une agriculture durable et autonome.
Plutôt que de subir les aléas climatiques, pourquoi ne pas les anticiper et en tirer parti ? Le Sud-Ouest de la France, avec son ensoleillement exceptionnel et ses terroirs agricoles, est un territoire idéal pour devenir pionnier de cette nouvelle alliance entre sol, soleil et souveraineté alimentaire.
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